Le Bélier, archétype de la force d’excitation
Le signe du Bélier peut être décrit selon deux profils principaux : le type fort (force d’excitation dépense, ou F+) et le type faible (faiblesse d’inhibition extinctive, ou f-). L’excitabilité du Bélier est perçue comme un élan naturel et spontané, une force qui ne dépend pas d’un objectif prémédité. C’est l’acte pur, le « réflexe », qui définit ce signe. Le Bélier se construit à travers l’action, l’impact de ses choix, quitte à se brûler les ailes. Son essence est une quête permanente de nouveauté, une rébellion innée contre les conventions et le passé. Sa jeunesse d’esprit le pousse à rejeter l’héritage ancestral pour préserver l’originalité de chaque individu et s’opposer à l’uniformisation collective.
Sa sensibilité est à fleur de peau, le monde extérieur le touche intensément, lui donnant un sens aigu de la présence, à la fois pour lui-même et pour autrui. Il est le héros impulsif, le paladin qui se lance dans des causes désespérées sans calcul moral, motivé par un besoin fondamental de répondre à un défi. Son sacrifice est une forme de « dépensivité », une consommation de son énergie vitale dans une succession d’exploits, jusqu’à l’épuisement. Ce n’est pas un altruisme réfléchi, mais une preuve de son existence. Cette volonté d’abnégation peut devenir intrusive, le Bélier agissant pour « sauver » les autres, même si ceux-ci ne lui ont rien demandé. Le texte compare cette nature au mythe du Christ rédempteur, symbolisant un échange d’identité et de valeurs (l’avoir contre l’être), où le Bélier ne recherche aucune réciprocité. Pour lui, le sacrifice est une fatalité nécessaire à l’ascension, un prix léger à payer pour atteindre un ordre supérieur et se réaliser pleinement.
Dans ses relations, le Bélier, caractérisé par des perceptions fortes et un naturalisme instinctif, est enclin à marquer ses partenaires. Un amour sans « stigmates » n’est pas un véritable amour à ses yeux. Son approche du monde est à la fois globale et primitive, reposant sur des lois instinctives malgré sa conscience d’être un « homo sapiens ». La progression vers le Taureau peut le transformer en « chercheur de sensations », expert en prouesses physiques.
La vitesse d’excitation et le sens des contraires
La vitesse d’excitation (V+) est une autre caractéristique forte du Bélier. Il est enclin à la « surtension » et au déséquilibre. Le texte fait un parallèle avec la manie ou la cyclothymie, illustrant un goût pour l’excès : couleurs vives, modes excentriques, et des humeurs versatiles, passant de la gaieté tapageuse à la mélancolie. Cette instabilité affecte son entourage.
Sur le plan intellectuel, la vitesse d’excitation favorise la créativité et le génie spontané, mais aussi la « fuite des idées ». Son style de pensée est direct, fait de déclamations et d’images contrastées.
Le sens des contraires (SC) chez le Bélier est dénué de nuances. Son intellect procède par exclusion immédiate : « tels sont mes amis, tels mes ennemis ». Il n’y a pas de compromis, seulement une division binaire, qui peut mener à des « voltes-faces » successives ou des revirements fanatiques.
La phase égalitaire et le type faible
La phase égalitaire forte (PE) est une perte d’équilibre où les polarités se confondent. Le Bélier réagit de manière uniformément positive, agressivement, même lorsque la situation exige un retrait. Il peut mal interpréter les conseils comme des menaces et les gestes d’amitié comme des hostilités. Cette attitude, souvent ponctuelle, peut devenir un trait de caractère permanent, parfois adapté à certains rôles sociaux (militaire, etc.).
Le type faible (faiblesse d’inhibition extinctive, ou f-) est marqué par le désordre et l’imprécision. L’impulsivité, la révolte, et le manque de contrôle sont manifestes. Ce profil est associé à la planète Uranus, symbole de l’explosion. Le Bélier faible ne sait pas se retenir, il est incapable de refouler ses émotions ou de se méfier des autres. Il est naïf et s’emballe facilement, accordant un crédit aveugle à ses premières impressions. Il a du mal à perdre, à reculer ou à ignorer les affronts, ce qui le rend vulnérable à la réalité.
Ce manque d’inhibition peut se traduire par une « fixation à l’adolescence », où les impressions de l’enfance restent vives et façonnent sa personnalité. Le Bélier faible a la logique, la candeur et les querelles d’honneur d’un enfant, mais aussi son agressivité. Cette immaturité peut le pousser à s’engager dans des causes chimériques, à défendre l’impossible.
L’intuition, chez le Bélier faible, est une fonction psychologique qui se confond avec la pensée ou le sentiment. Ses jugements sont souvent arbitraires, servant à protéger ses a priori affectifs. Il peut intellectualiser ses émotions ou ses intuitions, les considérant comme des faits démontrés. La confusion entre intuition et sentiment peut aussi l’amener à s’attacher sentimentalement à des figures qu’il idéalise et qu’il investit d’une dimension mythologique.
Inertie et schizoïdie
Enfin, la lenteur d’inhibition inadaptée (l-) correspond à une inertie et une intolérance au changement. Le Bélier faible refuse de s’intégrer, de plier ou d’assimiler son environnement. Il se caractérise par une certaine raideur et une intolérance. Contrairement au Bélier fort qui se rebelle contre le passé, le Bélier faible est envoûté par un romantisme nostalgique, s’attachant à des valeurs « mortes » comme les civilisations anciennes ou des souvenirs personnels.
Le texte associe cette inertie à la schizoïdie, manifestée par des bizarreries, des sautes d’humeur, et des actes impulsifs. La combinaison d’une faiblesse d’inhibition et d’une inertie d’inhibition (f- L-) chez le Bélier faible explique un schéma de comportement fait d’impétuosité destructrice, de scandales et de coups d’éclat, souvent motivé par l’ennui et le besoin d’échapper à une impasse.