Les signes « fixes » : le sens du dosage et la « composition »
Le texte explore le concept de « sens du dosage » en astrologie conditionaliste, tel que défini par Jean-Pierre Nicola. Ce dosage est la manière dont les quatre signes fixes (Taureau, Lion, Scorpion, Verseau) gèrent l’interaction entre deux forces fondamentales :
- La force de composition (ou « sens des ensembles ») : Capacité à intégrer différents éléments en un tout, un ensemble. Cette force est dominante dans les signes solsticiaux (Cancer, Capricorne).
- La force des contraires (ou « sens des contraires ») : Capacité à différencier, à s’opposer, à rejeter. Cette force est dominante dans les signes équinoxiaux (Bélier, Balance).
Les signes fixes sont uniques car ils se situent entre ces extrêmes et cherchent en permanence le meilleur équilibre entre ces deux forces. Ils incarnent le « sens du réel » et s’adaptent constamment pour maintenir leurs objectifs sans se trahir.
Analyse signe par signe
- Le Taureau : Il combine la composition et l’exclusion. Il semble accommodant et conciliant mais n’ignore pas ses aversions. Sa force de composition le pousse à coexister avec l’adversaire ou « la basse matière » pour atteindre ses objectifs. Le Taureau est dépeint comme un stratège habile, capable de sacrifier l’accessoire pour l’essentiel, mais il peut aussi être un sophiste, s’enfermant dans une logique spécieuse.
- Le Lion : Chez le Lion, le « sens des contraires » se renforce au détriment de la « force de composition ». Son comportement, qui semble sans équivoque, cache en réalité une ambivalence utile. Il est capable de jongler avec les compromis, traitant l’ennemi en ami et laissant cohabiter sympathie et vindicte. Son jeu est un « mélange de composition-exclusion » qui lui permet une grande richesse d’adaptation. Sa participation à la vie collective est marquée par sa personnalité, et sa générosité peut être perçue comme un moyen de parvenir à ses fins. L’évolution le conduit à rejeter ce qu’il a adoré.
- Le Scorpion : Le Scorpion incarne la coordination des contrastes, allant au-delà de la simple oscillation de la Balance. Il unit en une seule conduite deux choses opposées, symbolisé par « l’homme double » et l’image de Pluton-Janus. Le Scorpion vit dans un univers de double-jeu, capable de changer de camp et d’orienter les conflits à son profit. Dans ses relations, il marie douceur et violence, mépris et adoration. Métaphysiquement, il s’intéresse aux interférences entre des concepts opposés comme le divin et le diable. Le travail de « conversion » est central pour lui : il cherche à purifier ses impulsions négatives pour n’aller que dans une seule direction, un processus qui s’apparente à la sublimation.
- Le Verseau : L’ambivalence du Verseau se manifeste dans sa gestion de l’amitié, un « amour de l’esprit » basé sur le respect et la liberté de chacun. Il lie les individualités sans jamais les attacher. Sur un plan plus large, le Verseau est un « homme-charnière » qui s’implique dans une structure tout en se protégeant de son emprise. Il est capable de maintenir une zone d’indétermination autour de lui pour se renouveler sans se renier. Le processus hivernal de composition est une « inhérence » de possibilités, que le « sens des contraires » du Verseau trie pour en extraire ce qui est le plus original et le moins aliéné par le groupe ou l’hérédité. Il prend conscience de son rôle de centre à la fois « créé et créateur » de rapports antagoniques.
Conclusion
En bref, les signes fixes sont les grands équilibristes du zodiaque. Ils incarnent une tension créative et une capacité à naviguer dans la complexité du réel. Chacun à sa manière, ils trouvent un « dosage » unique pour combiner l’attraction et la répulsion, l’union et la séparation, transformant ce qui pourrait être une contradiction en une force d’adaptation et d’évolution.