histoire


L’Auteur du Logiciel Azimut35

Entretien avec Patrick Legwen-Phal auteur du Logiciel Azimut35 : L’astrologie en questions…

Entretien mené par Patricia, éditrice du site Astroquid-france.fr

Astroquid.fr : Patrick, vous êtes l’auteur du logiciel d’astrologie Azimut35 et un praticien et formateur reconnu de l’Astrologie conditionaliste. Pour commencer, pourriez-vous nous parler de votre parcours ? Comment êtes-vous arrivé à l’astrologie, et plus spécifiquement à cette approche ?

Auteur du logiciel Azimut35 Patrick Legwen-Phal

Patrick Legwen-Phal, auteur du logiciel Azimut35

Patrick Legwen-Phal : C’est un long chemin, fait de curiosité et de quête de sens. Tout a débuté dans mon adolescence, avec une passion pour l’art, le dessin et la peinture. Cette fascination pour les arts plastiques m’a très tôt poussé à chercher les lois de l’organisation, les structures qui sous-tendent la réalité. C’était déjà une recherche de ce qui se cache derrière les apparences. C’est à cette époque, au hasard d’une visite à la bibliothèque de Troyes, que j’ai trouvé un livre d’astrologie. Sans m’y plonger immédiatement, l’idée a fait son chemin.

tableau-géométrie
Mon intérêt a été ravivé de manière significative par ma découverte de l’œuvre de Carl Gustav Jung, alors que j’étudiais à l’école des Beaux-Arts de Dijon. La psychologie jungienne, avec ses archétypes et son exploration de l’inconscient collectif, m’a reconnecté à cette idée d’une structure plus vaste qui relie la psyché au monde. C’est là que j’ai commencé à étudier différentes formes d’astrologie. Mais je dois dire que j’étais souvent frustré par leur manque de cohérence et de rigueur. Les interprétations me semblaient trop subjectives et spéculatives, déconnectées de la réalité que j’essayais de comprendre.

 

Astroquid.fr : Et c’est à ce moment-là que l’Astrologie conditionaliste est apparue comme une évidence ?

 

Patrick Legwen-Phal : Oui, c’est un ami qui m’a fait découvrir cette approche. Ce fut une révélation. J’ai été immédiatement séduit par sa rigueur et sa cohérence. Contrairement aux autres méthodes, l’Astrologie conditionaliste ne se contente pas de symboles ; pour faire vite, je dirais qu’elle propose un modèle d’analyse basé sur des règles rationnelles. Elle évite le fatalisme et les prédictions simplistes, et c’est ce qui m’a convaincu. J’ai eu la chance, quelques années plus tard, de rencontrer son fondateur, Jean-Pierre Nicola avec qui j’ai tissé des liens d’une longue amitié. Nous partagions un même objectif double : d’abord, réhabiliter l’astrologie en la libérant de son image ésotérique et de sa mauvaise presse. Ensuite, la présenter comme ce qu’elle est véritablement : un instrument de connaissance à la fois sérieux et authentique, une discipline qui fait le pont entre les sciences du vivant et les sciences physiques.

 

Astroquid.fr : Pour vous, qu’est-ce qui la rend si pertinente ?

 

Patrick Legwen-Phal : Je ne dis pas qu’elle est « plus vraie » que d’autres, mais qu’elle est plus « pertinente », car ses concepts et ses outils sont en adéquation avec la réalité et les phénomènes naturels. C’est une approche non-déterministe, qui reconnaît que le ciel de naissance est un élément de la personnalité qui interagit avec d’autres facteurs comme l’environnement familial et l’hérédité.

L’un des aspects fondamentaux de ma vision est son opposition au dualisme cartésien, à la séparation du corps et de l’esprit. Pour moi, cette dichotomie est un obstacle, tant pour l’astrologie que pour la science. Je suis très proche de la philosophie de Spinoza : le corps et l’esprit sont les deux attributs d’une même substance. L’astrologie conditionaliste est en phase avec cette vision, et il est fascinant de voir que les neurosciences modernes redécouvrent aujourd’hui cette « non-séparabilité ».

 

Astroquid.fr : Comment faites-vous le pont entre les symboles traditionnels et une réalité concrète ?

 

Patrick Legwen-Phal : C’est le cœur de notre démarche. L’Astrologie conditionaliste a développé des outils qui permettent de dépasser le symbolisme pur. Le modèle se fonde sur l’idée d’information et sur une structure qui connecte notre réalité interne à la réalité externe. Nous travaillons avec trois niveaux de perception, qui sont la Représentation, l’Existence et la Transcendance (cf. modèle R.E.T.) Cela nous offre un cadre théorique solide. Pour donner un exemple concret, le zodiaque photopériodique est un outil qui transforme un symbole zodiacal en un signal physique mesurable. Cela nous permet d’aller au-delà des interprétations vagues pour faire des analyses plus précises et objectives.

Le Modèle RET

Le Modèle RET

 

Astroquid.fr : Pour conclure, quelle est la place de l’astrologie par rapport à la science et à la spiritualité ?

 

Patrick Legwen-Phal : L’astrologie, pour moi, n’est pas une science au sens strict, mais un chemin de connaissance qui utilise des outils rigoureux. C’est un outil pour mieux se comprendre soi-même en relation avec les lois de la nature et du cosmos. Quant à la spiritualité, je pense qu’elle n’est pas un contenu explicite de l’astrologie, mais que l’astrologie peut vous y conduire. La spiritualité est, à mon sens, une réponse humaine à l’émerveillement face à l’organisation du monde. Elle naît de cette contemplation. L’Astrologie conditionaliste nous invite à ce dialogue avec l’univers, à la découverte de soi, et c’est ce qui, pour moi, est le plus fascinant.

 

(entretien réalisé en août 2025)


Le modèle R.E.T. en Astrologie Conditionaliste : une grille de lecture universelle

Un des premiers outils conditionaliste que j’ai introduis dans les premières versions d’Azimut35 fut le modèle R.E.T. (prononciation : èreuté). Grâce à l’algorithme de hiérarchisation des puissances planétaires que je conçu en collaboration avec Jean-Pierre NICOLA, je pus ainsi établir le classement des familles R.E.T. à partir desquelles il fut aisé de définir les grandes tendances de la personnalité d’un natif. Ce fut le point de départ d’un algorithme de génération d’interprétations synthétiques, par la suite perfectionné pour affiner les analyses.
Pour l’instant, je vais me concentrer sur une présentation générale du modèle R.E.T. Je prévois de revenir sur le sujet dans un article futur pour en explorer les aspects plus subtils. Nous verrons alors comment le classement des fonctions planétaires dans ce modèle nous permet de déduire des fonctions clés tels que la planète d’appel, la planète aveugle, la planète charnière et le domicile planétaire. (ces fonctions planétaires sont utilisées dans Azimut35)

Le modèle R.E.T. : Une grille de lecture universelle

Le modèle R.E.T. (pour Représentation, Existence, Transcendance) est l’un des piliers de l’Astrologie Conditionaliste. Il s’agit d’un système novateur et structuré qui permet de décrypter les significations planétaires d’un thème astral de manière cohérente et synthétique. Ce langage, bien que déconcertant au premier abord, offre une richesse d’interprétation unique en proposant une grille de lecture universelle.

Le modèle R.E.T.

Le modèle R.E.T. de l’Astrologie conditionaliste

Le modèle R.E.T. a pour objectif de hiérarchiser et d’articuler les différentes fonctions planétaires d’un thème natal. Il permet ainsi de regrouper les significations planétaires pour en faire des synthèses claires, notamment pour cerner les grandes tendances de la personnalité. C’est une des forces de l’Astrologie conditionaliste de proposer un tel clavier interprétatif et une méthodologie pour aborder un thème sans se perdre dans la multiplicité et le dédale des signifiants.

Les quatre modes d’insertion au monde

Déduit du thème astral, le modèle R.E.T. décrit la manière dont une personne interagit avec son environnement. Il représente la structure unique de la personnalité, qui s’exprime à travers quatre modes principaux. La hiérarchie et l’articulation de ces modes sont propres à chaque individu.

  • Le niveau Représentation (R) : Il correspond à un rapport de sens, de signification avec le monde. Il est vital pour l’individu de se cultiver, de communiquer et de construire du sens à travers la culture, le langage et les idées. C’est le niveau du langage et du symbolique.
  • Le niveau Existence (E) : Il représente un rapport concret et expérientiel. Pour la personne, il est essentiel d’agir, d’expérimenter et de rencontrer le monde de manière concrète, par le corps et les actes. C’est le niveau du vécu et de l’action.
  • Le niveau Transcendance (T) : Ce niveau concerne un rapport subtil et profond avec le monde. Il est primordial pour l’individu de se relier, de se laisser inspirer par des liens complexes, philosophiques ou spirituels. C’est le niveau subtil, profond, en deçà ou au-delà des niveaux Représentation et Existence. Niveau du philosophique, du spirituel, de la quête d’un plan invisible ou subtil.
  • Le rapport de Globalité (fonction lunaire) : Ce mode met l’accent sur une interdépendance non-séparée avec les êtres et les choses. L’individu y est particulièrement sensible et cherche à vivre une unité avec le monde qui l’entoure.

L’analyse d’un thème astral consiste à identifier la hiérarchie et la qualité des relations entre ces quatre modes. Elle ne se limite pas à une simple interprétation, mais cherche à comprendre comment l’individu incarne sa structure astrale en tenant compte des facteurs externes (culture, éducation, milieu social, etc.).

L’Astrologie Conditionalistee n’est donc pas fataliste. Elle propose d’évaluer la meilleure façon pour une personne de faire le lien entre les potentialités et les contraintes de son thème, et ses projets de vie, ses ambitions et son environnement. En ce sens, elle offre un outil d’accompagnement pour optimiser le rapport de la personne à son propre thème.

Pour aller plus loin dans la compréhension du modèle R.E.T.

J’ai réalisé ce diaporama (d’une durée de 55 minutes) il y a quelques années, il donne un aperçu assez détaillé du modèle R.E.T. Je propose également un cursus de formation à l’astrologie conditionaliste & existentialiste sur www.astrologie-existentialiste.fr


L’IA et l’Astrologie

L’IA et l’astrologie

L’IA a le vent en poupe et de plus en plus de logiciels d’astrologie ont recours à l’IA (comme le logiciel Olympia).  Pour le moment, je préfère capitaliser sur l’excellente base d’interprétation d’Azimut35 qui propose des textes bien ficelés, nuancés qui s’appuient sur une théorie et concepts solides et cohérents. Je ne suivrai donc pas l’engouement actuel pour l’IA !

Pourquoi ? Ma position actuelle concernant l’intégration de l’intelligence artificielle dans l’interprétation astrologique reste réservée. Cette réserve est motivée par la complexité et la diversité des approches interprétatives en astrologie, chacune étant associée à une logique et une orientation philosophique spécifiques. En effet, les règles d’interprétation de l’astrologie sont nombreuses et varient en fonction des écoles et des courants de pensée. L’intelligence artificielle, ou IA, est actuellement limitée dans ses capacités d’analyse par ses préjugés statistiques, souvent fondées sur des données incertaines et non vérifiées collectées sur le Web.

Une question plus sérieuse se pose : l’intelligence artificielle, dépourvue de conscience, peut-elle réellement égaler l’intelligence humaine intuitive, intrinsèquement incarnée et sensible ? Et plus gravement encore, savez-vous que l’IA est en train de détruire des centaines de professions spécialisées dans la communication, le développement informatique, l’édition, l’art (je pense notamment aux auteurs qui voient leurs œuvres utilisées par l’IA sans respect de leurs droits de propriété intellectuelle) ? Pour toutes ces raisons, je refuse de participer à la disparition des nombreuses compétences et talents humains qui expriment la richesse de notre culture et préfère rester fidèle à l’orientation éthique qui est celle d’Azimut35 depuis sa création : celle de la qualité et de la cohérence. Plutôt que de recourir à l’IA, j’ai choisi d’offrir des interprétations solides, majoritairement rédigées par Jean-Pierre Nicola, le fondateur de l’Astrologie conditionaliste, et par moi-même. Ces analyses sont le fruit d’une théorie cohérente et de règles d’interprétation précises, fiables et tout en nuances exploitées par un algorithme intelligent conçu par l’intelligence humaine (cette algorithme est utilisée dans les version Rubis et Diamant d’Azimut35) !

Logiciel d'astrologie Azimut35 Diamant pour les astrologues professionnels

L’IA et l’astrologie : pourquoi l’expertise humaine reste-t-elle irremplaçable ?

L’arrivée fulgurante de l’intelligence artificielle soulève une question fascinante : un programme peut-il réellement interpréter un thème astrologique avec la même finesse qu’un astrologue ? Pour l’instant, notre position est claire : l’IA se heurte à des défis majeurs qui la cantonnent à un rôle de simple outil, loin de l’expertise humaine.

Les limites de l’IA face à la complexité astrologique

L’astrologie n’est pas une science monolithique. Elle se compose d’une mosaïque d’approches, chacune avec ses propres règles, sa propre philosophie et sa propre vision du monde. Un astrologue humaniste, conditionaliste, ou karmique n’interprétera jamais un même thème de la même manière. L’IA, qui excelle à traiter des données structurées et homogènes, est encore incapable de naviguer entre ces différentes « grammaires » et de saisir les subtilités qui font la richesse de chaque école de pensée.

 

IA et intelligence humaine

© Patrick Legwen-Phal

 

Le piège des données statistiques

La principale faiblesse de l’IA est sa dépendance aux moyennes statistiques glanées sur le web. Si ces données lui permettent d’identifier des schémas récurrents, elles sont souvent superficielles, hétérogènes, voire contradictoires. Une interprétation astrologique de qualité requiert plus qu’une simple corrélation statistique. Elle demande une compréhension profonde des symboles, une lecture contextuelle et un sens de la nuance que l’IA ne peut pas simuler. C’est la différence entre lire un dictionnaire et comprendre un poème.

L’intuition humaine : l’ingrédient secret indispensable

C’est là que l’IA montre ses limites les plus profondes. Dépourvue de conscience, peut-elle réellement égaler l’intuition humaine ? La réponse est non. Notre intuition est le fruit d’une « symphonie synergique » complexe et unique :

L’incarnation : L’astrologue ressent les choses, il a un « feeling », une compréhension non verbale qu’un algorithme ne peut pas avoir.

La sensibilité et l’émotion : L’empathie et la capacité à se connecter à l’autre sont au cœur de la consultation astrologique. L’IA ne ressent pas d’émotions.

L’expérience vécue : L’intuition est la somme de nos expériences passées. L’IA apprend des données, mais pas de la vie elle-même.

La conscience : L’intuition est un acte conscient, une perception du monde liée à notre propre existence. L’IA n’a pas de conscience de soi.

En conclusion, l’IA est un outil formidable pour automatiser des tâches, calculer des éphémérides ou dresser un thème astral. Mais pour l’interprétation, qui est un acte de synthèse, de discernement et d’empathie, l’expertise humaine reste aujourd’hui irremplaçable. Un astrologue ne se contente pas de lire des données, il les fait vibrer pour donner du sens à une vie.


Hommage à un esprit libre : Jean-Pierre Nicola et la fondation de l’Astrologie Conditionaliste

L’astrologie française a perdu l’un de ses plus grands penseurs le 21 octobre 2022 avec la disparition de Jean-Pierre Nicola. Sa mort a laissé un vide au sein de la communauté conditionaliste, mais son héritage est immense et continue d’inspirer. Plus qu’un simple théoricien, Nicola a été un architecte, cherchant inlassablement à bâtir un pont entre la tradition symbolique et les exigences scientifiques de notre temps. Son œuvre majeure, l’Astrologie Conditionaliste, est née d’une volonté profonde de réconcilier l’esprit et la matière, de donner à l’astrologie une cohérence et une densité qui, à ses yeux, lui faisaient cruellement défaut.

Cet entretien avec Jean-Pierre Nicola, réalisé en février 2015, est une synthèse de nos échanges à l’occasion du 50ème anniversaire de son ouvrage La Condition solaire et de la sortie d’Opéra conditionaliste, le Ballet des coïncidences. L’entretien complet a été publié sur www.astrologie-moderne.eu.


Jean-Pierre Nicola

Jean-Pierre Nicola et Ophélie

La théorie des âges : un nouveau regard sur le destin humain

Dans cet entretien, Jean-Pierre Nicola aborde d’emblée la théorie des âges, un des joyaux de son système, qu’il considérait comme une preuve solide et exempte de statistiques de l’adaptation de l’être humain aux cycles majeurs du système solaire. Il en explique le principe avec une clarté désarmante.

La formule fondamentale

La clé de cette théorie repose sur une formule mathématique simple mais révolutionnaire : le thème d’âge est le résultat de la soustraction du thème natal (positions planétaires à la naissance) au thème céleste (positions planétaires au moment où l’on étudie l’âge).

Thème d’âge = Thème céleste – Thème natal

  • Le calcul : On calcule la différence angulaire, de 0° à 360°, entre les positions de chaque planète à la naissance et à un moment donné. On ne retient que la partie fractionnaire de cette différence, ignorant les tours complets déjà effectués. Nicola comparait cela à une horloge : « on efface les heures, on garde les minutes. »
  • L’interprétation : Ce thème d’âge révèle quels cycles planétaires sont actifs et comment ils se combinent avec la structure natale. Par exemple, une planète de retour à sa position natale (sa révolution sidérale) se placera à 0° du thème d’âge, marquant la fin d’un cycle et le début d’un nouveau. Son demi-cycle se situera à 180°, etc.

Le temps et la conscience de soi

La théorie des âges n’est pas une simple curiosité mathématique. Elle est le reflet d’une évolution de la conscience. Les planètes lentes, comme Uranus (cycle de 84 ans) et Neptune (165 ans), prennent une importance grandissante à mesure que la vie avance.

À 86 ans, Jean-Pierre Nicola l’illustrait par son propre cas. Né avec Neptune au Fond-du-Ciel, il a vécu un demi-cycle (environ 82 ans) qui a vu cette planète transiter le Milieu-du-Ciel, c’est-à-dire le point culminant de sa course. Ce renversement d’axe ne peut être saisi par une astrologie symbolique, mais il prend tout son sens dans une approche conditionaliste. Il ne s’agit plus de l’extraversion, de la compétition ou du « paraître », mais d’une introspection. La question n’est plus « qu’ai-je à accomplir dans le monde ? », mais « qu’ai-je fait de ma vie ? ». L’horizon se rétrécit, et le regard se tourne vers l’héritage, la transmission.


Le parcours d’un précurseur : de la rupture à la fondation

Jean-Pierre Nicola s’est toujours vu comme un chercheur marginal. Il a compris très tôt que l’astrologie, pour être prise au sérieux, ne pouvait se contenter d’une simple validation empirique. Elle devait s’appuyer sur une explication naturelle, cohérente et recevable. Cette conviction a été la source de sa rupture avec le milieu astrologique de l’époque.

La Condition solaire et le divorce avec la tradition

La parution de son livre La Condition solaire en 1964, fruit de cinq années de travail, fut un véritable tremblement de terre. Loin de rassembler les astrologues, cet ouvrage a provoqué une fracture irréconciliable avec l’ex-Centre International d’Astrologie. Les critiques fusèrent : le zodiaque photopériodique était qualifié de « vue de l’esprit », et l’approche, de « replâtrage de façade ». En réponse, les partisans de Nicola se regroupèrent pour fonder le COMAC, le Centre d’Organisation Méthodologique pour l’Astrologie Conditionaliste, aussitôt étiqueté de « chapelle sans avenir » par les détracteurs.

Une astrologie « remise sur pied »

Nicola a toujours revendiqué le fait d’avoir remis l’astrologie « sur pied » en la reconnectant avec ses racines astronomiques et sa base terrestre. Il a élargi son horizon, l’ouvrant à la gravité, à l’influence de toutes les planètes et aux savoirs scientifiques contemporains. Pour lui, l’astrologie devait s’affranchir de son enfermement dans un référentiel exclusif pour embrasser la complexité du monde, de la physique à la neurobiologie.


Une culture astrologique à contre-courant : le symbolisme face au réel

L’Astrologie Conditionaliste dérange. Elle est à l’opposé des astrologies de l’immédiateté et des « recettes » simplistes. Nicola y voyait un « marécage », un paysage romanesque où le langage traditionnel s’était déconnecté de la réalité.

Le symbolisme, un langage d’enfance

Nicola ne rejetait pas le symbolisme en bloc. Il le reconnaissait comme le langage de l’enfance, précieux pour sa richesse et sa puissance évocatrice. Mais il estimait qu’il fallait le dépasser, sans la rejeter pour autant, pour atteindre une maturité intellectuelle. L’astrologie, selon lui, n’a pas progressé car ses défenseurs, par intérêt ou par manque de courage, ont cherché à la maintenir dans une enfance éternelle, avec un vocabulaire désuet qui ne communique plus avec les autres disciplines.

La critique des qualités élémentaires

Il dénonçait les correspondances analogiques traditionnelles qui peinent à convaincre un esprit rationnel. Faut-il croire que l’astre Jupiter est « chaud et humide » ou que l’agressivité de Mars est due à ses qualités de « chaud et sec » ? Nicola montrait que ces explications simplistes sont inefficaces pour comprendre les crises mondiales. Il citait l’exemple de l’été 2014, marqué par les guerres en Ukraine, sous les conjonctions du Soleil, de Jupiter et de Vénus. Les astrologues traditionnels interprétaient ces conjonctions « bénéfiques » comme une période de paix, se heurtant à une réalité brutale. L’approche conditionaliste, avec ses formules rationnelles et ses référentiels, permet une analyse plus fine et plus réaliste des événements.


La pédagogie conditionaliste : une méthode de formation rigoureuse

Jean-Pierre Nicola a toujours été soucieux de la transmission de son savoir. Il a développé une méthode d’apprentissage progressive, conçue pour former des astrologues capables de penser par eux-mêmes.

L’écriture de fiches et la codification des textes

Le premier exercice est d’apprendre à coder des textes. L’élève lit des biographies, des portraits littéraires ou même des fiches de caractères, puis les traduit en formules conditionalistes. Il s’agit d’extraire les éléments essentiels pour comprendre la personnalité d’un individu. Cette méthode permet de saisir les contradictions d’un caractère et d’apprendre à les interpréter. Nicola recommandait des ouvrages de caractérologie classique, comme le Traité du caractère d’Emmanuel Mounier ou le Que sais-je ? de Guy Palmade, qui servaient de matière première à cette codification.

L’assemblage des formules et les référentiels

L’élève apprend ensuite à combiner ces formules pour comprendre les référentiels d’une personne :

  • Sujet (son monde intérieur, son travail sur soi)
  • Objet (son rapport au monde extérieur, son action)
  • Relation (ses engagements sociaux, professionnels)
  • Intégration (son dépassement de soi, sa sublimation)

Ces référentiels deviennent les interfaces entre l’individu et son environnement. Le but est de trouver sur quel plan la personne peut résoudre ses contradictions ou les assumer.

L’étude des thèmes et la confrontation des données

L’étape finale consiste à confronter les formules tirées des textes avec les formules déduites du thème de naissance. Ce travail de vérification et d’analyse comparative est le cœur de la méthode. Nicola organisait des stages où les participants analysaient leurs propres thèmes pour mettre en pratique cette approche. Il encourageait également l’étude de thèmes de figures publiques, des personnages de Molière à La Bruyère, pour rendre l’exercice vivant et divertissant.


L’héritage d’un visionnaire : pour une astrologie de l’avenir

Jean-Pierre Nicola n’a jamais cherché la reconnaissance pour son seul nom, mais pour son œuvre. Il se demandait si son héritage serait enterré avec lui ou s’il serait pérennisé. Il était conscient de la fragilité d’une nouvelle approche face à la puissante culture astrologique dominante.

Une astrologie mondiale repensée

Il a montré la nécessité d’une astrologie mondiale fondée sur la rigueur plutôt que sur l’empirisme. Il dénonçait les interprétations simplistes des aspects planétaires. Faut-il voir dans la dissonance (2009-2016) entre Uranus en Bélier et Pluton en Capricorne un simple conflit entre « le dieu du ciel » et « le maître des enfers » ? Non, il y a, selon lui, une interprétation bien plus riche et plus fine à trouver grâce au R.E.T, l’outil de base de l’astrologie conditionaliste.

  • « Opposition de l’unique au multiple » : C’est le cœur du conflit. L’« unique » (Uranus, l’individu, la singularité) se heurte au « multiple » (Pluton, les masses, le collectif). Ce conflit est décrit comme une lutte où les singularités se rebellent contre les normes de la majorité.
  • « L’impuissance des décideurs » : Les autorités en place (« décideurs du niveau ‘r’ intensif ») sont incapables de gérer et d’unifier les forces du « multiple » (les masses). Le pouvoir traditionnel échoue à canaliser les revendications et les énergies individuelles de la population.
  • « Difficulté à régenter les singularités rebelles aux normes réductrices » : En écho à la thématique uranienne, les individus ou groupes qui rejettent les règles établies (« normes réductrices ») deviennent une source de friction. Les solutions autoritaires ou drastiques ne fonctionnent pas et ne font qu’aggraver la situation.
  • Fracture sociale et division : Les « échecs des solutions drastiques » entraînent un « fossé » qui s’élargit entre les classes sociales. La communication est rompue, voire manipulée par des « organes de désinformation » (une thématique plutonienne). La confiance et le dialogue s’effondrent.
  • « Querelles dans les grandes familles idéologiques » : La discorde ne touche pas seulement la société dans son ensemble, mais aussi les grands courants de pensée ou les partis politiques. Les idéologies elles-mêmes se fragmentent, créant des conflits internes.

En résumé, le conflit Uranus-Pluton (entre l’unique et le multiple) serait propice à une ère de troubles profonds où la soif de liberté et d’individualité (Uranus) des masses entre en collision avec les structures de pouvoir établies (Pluton), menant à la division, au chaos social et à l’échec des solutions traditionnelles.

L’héritage vivant

Les héritiers de Nicola disposent aujourd’hui d’une immense documentation : de nombreuses publications déposées à la Bibliothèque Nationale de France, des articles, des archives et une communauté en ligne grandissante. L’Astrologie Conditionaliste n’est plus une simple « chapelle » mais un véritable courant de pensée qui continue d’attirer des élèves à la recherche d’une approche rigoureuse et réaliste.

Jean-Pierre Nicola a ouvert une voie, tracé un chemin. Son œuvre est un appel à la raison, à la curiosité et à l’ouverture d’esprit. Son héritage est un rappel constant que l’astrologie, pour survivre et se développer, doit rester connectée au réel et dialoguer avec les savoirs de son temps. C’est à ses continuateurs de faire vivre cette promesse.

 

Patrick Legwen-Phal (enseignant en astrologie conditionaliste et auteur du logiciel Azimut35), août 2025


L’astrologie conditionaliste en quelques mots…

L’astrologie conditionaliste se présente comme une approche moderne et rationnelle, axée sur les concepts essentiels de l’existence humaine et les lois objectives de notre système solaire. Ce qui la rend particulièrement séduisante à mes yeux, c’est sa capacité à allier l’innovation à un réalisme profond. Elle ne se perd pas dans des interprétations abstraites, mais ancre ses principes dans une compréhension concrète des facultés humaines et des réalités physiques du système solaire.

 

L’astrologie conditionaliste, un courant novateur fondé par Jean-Pierre Nicola dans les années 1960. Elle se distingue par son approche résolument moderne, naturelle et universelle, cherchant à ancrer l’astrologie dans sous soubassement astronomique que sont les lois du système solaire. L’astrologie conditionaliste se fonde sur des cycles planétaires mesurables et met de côté dans ses analyses les facteurs horoscopiques fictifs.

Le terme « conditionaliste » est au cœur de cette philosophie. Il exprime l’idée que les rythmes célestes et les cycles ne dictent pas notre destin, notre bonheur ou notre malheur, mais influencent plutôt notre « condition ». Le ciel ne décrète rien de manière irrémédiable, mais il pose des conditions, des potentiels et des dynamiques qui s’entremêlent avec d’autres facteurs. Cette « conditionnement céleste » interagit avec ce que Nicola appelle le « conditionnement terrestre », c’est-à-dire l’ensemble des influences liées à l’hérédité, à l’éducation, à l’environnement social et aux expériences personnelles. L’individu n’est donc pas la victime d’un sort astral, mais un être dont la personnalité et le parcours sont la résultante complexe de ces deux types de conditionnement. Cette vision offre une place centrale à la liberté et à la responsabilité de l’individu, en opposition à toute forme de déterminisme fataliste.

Le Zodiaque photopériodique

L’un des concepts fondamentaux de cette école est le Zodiaque photopériodique. Dans l’astrologie conditionaliste, le Zodiaque n’est pas un ensemble de constellations imaginaires ou un découpage symbolique. Il est un concept dynamique et objectif, basé sur le développement d’un cycle, celui de l’alternance du jour et de la nuit. Cette approche permet une interprétation fondée sur des critères rigoureux et non sur des mythes ou des traditions non vérifiables.

Le zodiaque conditionaliste

Le zodiaque conditionaliste

La Théorie des âges

Un autre pilier de l’astrologie conditionaliste est la Théorie des Âges. Cette théorie établit une corrélation entre les temps de révolution des planètes et l’acquisition progressive des fonctions psychologiques chez l’être humain. Chaque planète, par la durée de son orbite, symbolise une étape du développement de la conscience et des aptitudes humaines. Par exemple, Mercure, avec sa révolution rapide, est associée aux fonctions mentales et communicatives de la petite enfance. Vénus correspond à la socialisation et à l’affectivité des années suivantes. Jupiter, plus lent, marque une période d’expansion et de maturation intellectuelle, tandis que Saturne symbolise l’entrée dans l’âge adulte, la structure, la responsabilité et la confrontation avec la réalité. Les planètes lentes comme Uranus, Neptune et Pluton sont quant à elles liées à des cycles de vie plus longs et à des fonctions transpersonnelles, marquant les grandes phases de transformation et d’évolution de l’existence. Cette théorie offre une grille de lecture du développement humain qui s’accorde avec les observations psychologiques et biologiques.

Le modèle R.E.T.

Le modèle R.E.T. (Représentation, Existence, Transcendance) est sans doute l’outil le plus emblématique de cette astrologie. Il propose une classification des planètes et des niveaux de conscience en trois catégories distinctes :

Le niveau de Représentation : Il s’agit du niveau des images, des formes, des symboles et des archétypes. Les planètes de ce niveau (Soleil, Vénus, Mars, Jupiter) sont liées aux fonctions de l’égo et à la personnalité « représentative ». Elles opèrent dans le domaine du visible et de la conscience manifeste.

Le niveau d’Existence : Il concerne le vécu, les faits, le réel et les contraintes de l’environnement. Saturne et Mars sont les planètes principales de ce niveau, car elles nous confrontent à la réalité, aux limites et à l’aspect duel de la réalité. Elles sont la manifestation du principe de réalité.

Le niveau de Transcendance : Il englobe l’intuition, les processus inconscients, le non-rationnel et les dimensions collectives. Les planètes de ce niveau (Uranus, Neptune, Pluton) sont associées à des fonctions qui dépassent le simple cadre de l’individu. Elles sont les vecteurs des grands changements, des transformations profondes et des idéaux collectifs.

le modèle R.E.T. circulaire

Le modèle R.E.T. circulaire


Ces trois plans d’expression de l’influence planétaire rend l’interprétation astrologique plus logique, structurée et efficace, car elle permet de décrypter la complexité de l’individu sans avoir recours à des manuels d’interprétation. La personnalité est vue non pas comme une entité statique, mais comme la résultante dynamique des interactions entre ces différents niveaux de conscience, en constante évolution. Le modèle du « Héros et de son Ombre » est également utilisé pour saisir la dualité et la complexité de chaque individu, reconnaissant que chaque force a son revers et que la vie est un processus d’évolution et de réconciliation des contraires.

L’astrologie conditionaliste s’adresse à un public spécifique. Elle est faite pour les adultes conscients et responsables, dotés d’un bon esprit critique et d’analyse. Elle attire ceux qui cherchent à acquérir ou à perfectionner une technique rigoureuse, qui apprécient la logique et qui désirent des fondations sérieuses pour leur pratique astrologique. C’est également une méthode qui répond aux attentes des personnes déçues par les limites de l’astrologie classique ou des professionnels de la psyché humaine, désireux d’un outil complémentaire pour mieux comprendre les dynamiques psychologiques. En somme, l’astrologie conditionaliste se positionne comme une synthèse audacieuse entre la rigueur scientifique et les réalités du vécu, plaçant la vie et sa dynamique au cœur de son exploration.